L’issue de la compétition des peuplements de Caulerpa taxifolia avec les autres espèces de Méditerranée reste encore à déterminer avec certitude.
Leur disparition naturelle apparaît toutefois comme improbable.

Caulerpa taxifolia : éléments de synthèse – (partie 5/6)

Les nombreux travaux permettent de comprendre comment Caulerpa taxifolia se développe et s’étend localement, et de fournir un diagnostic. Cependant la connaissance des phénomènes l’influençant à grande échelle, en particulier la dynamique des écosystèmes dans laquelle elle s’installe, n’est pas suffisante pour prédire avec précision l’évolution de son rythme d’expansion et l’issue de sa compétition avec les autres espèces.

De manière générale, les processus d’introduction d’espèces impliquent quatre phases successives : l’arrivée, la phase d’implantation (naturalisation), la phase d’expansion et la phase de persistence.

Cette dernière phase signifie que l’espèce introduite peut occuper tous les biotopes disponibles sur l’ensemble de l’étendue géographique accessible à l’espèce.
On connaît, dans le monde, de tels cas d’expansion, se poursuivant sur une longue durée, jusqu’à ce que la totalité des milieux favorables à l’espèce envahissante aient été occupés. Durant cette phase, l’expansion de l’algue atteint un plateau et présente ensuite, comme pour les espèces indigènes, des fluctuations plus ou moins grandes, liées, par exemple, aux relations prédateurs-proies, parasites-hôtes, au succès du recrutement, etc.

Dans le cas de Caulerpa taxifolia, il apparaît, en fonction des connaissances actuelles, que l’espèce est bien susceptible de coloniser à terme la plupart des biotopes présentant des substrats stables (les fonds rocheux, les herbiers de phanérogames, les mattes mortes de ces phanérogames, certains fonds sableux et vaseux incluant certaines lagunes et zones portuaires), de quelques mètres sous la surface à 30-50 m de profondeur, et cela sur une grande partie du pourtour méditerranéen.

Dans le cas où une régulation naturelle des peuplements de Caulerpa taxifolia en Méditerranée interviendrait dans les années qui viennent, par exemple sous la forme d’un prédateur dont l’explosion des effectifs exige un certain délai, la récupération de certaines communautés, telles que les peuplements d’algues sur roche, pourrait se faire. En revanche, la destruction de certaines autres, telles que les peuplements de gorgones et du coralligène ou les herbiers à Posidonia oceanica, devrait être considérée comme irréversible à l’échelle humaine (la régénération naturelle de ces peuplements est excessivement lente).
Développer les techniques de contrôle de demain

Considérant l’état actuel des méthodes, un effort particulier doit être réalisé afin de développer les techniques de contrôle fiables de demain – comme les techniques à base de cuivre -, et d’acquérir ainsi une expérience, exportable le cas échéant. Enfin, il est important de poursuivre les programmes de recherches susceptibles de déboucher sur des applications en termes de contrôle des peuplements : caractéristiques de la souche méditerranéenne de C. taxifolia, exigences écologiques, physiologie et modalités de régénération, de multiplication et de reproduction, facteurs limitants en Méditerranée et dans les populations naturelles de la région tropicale d’origine.

Le texte de ce document est issu du document suivant : BERNARD G., GRAVEZ V., & BOUDOURESQUE C.F., 2000.- Caulerpa taxifolia : éléments de synthèse. Plaquette Direction Régional de l’Environnement, PACA, Programme LIFE DG XI – 95/FA.3.1./EPT/782 & GIS Posidonie. GIS Posidonie publ., Marseille, Fr. : 28 p.

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