Le peuplement de poissons du Parc national des Calanques est méthodiquement suivi tous les 3 ans depuis 2013, grâce à des comptages visuels en plongée réalisés dans 24 stations situées entre 5 et 25 m de profondeur : 12 situées dans les zones de non-prélèvement (ZNP) et 12 en dehors, réparties sur l’ensemble de la zone d’étude. L’analyse détaillée des données met en évidence des changements importants du peuplement de poissons depuis la mise en place du suivi des ZNP en 2013. Ces changements sont dus :

  • d’une part à l’évolution du peuplement de poissons dans l’environnement marseillais en lien avec les conditions environnementales : augmentation de l’abondance des espèces planctonophages depuis une dizaine d’années et donc augmentation du nombre global de poissons, présence d’espèces thermophiles favorisées par le réchauffement climatique : barracudas par exemple, augmentation d’espèces bénéficiant d’un moratoire sur la pêche à la ligne et la pêche sous-marine : mérous, corbs ;
  • et d’autre part aux changements liés à la création des ZNP, à une surveillance globale de la zone d’étude et à la mise en place d’une gestion et de concertations avec les usagers, qui se traduisent par une augmentation globale de la biomasse de poissons observée dans les ZNP, mais aussi hors ZNP et par un maintien de l’abondance et de la biomasse des espèces cibles de la pêche.

La biomasse des espèces cibles de la pêche est en nette augmentation dans les ZNP et stable en dehors, ce qui est une preuve de ‘l’effet réserve’ et donc d’une certaine efficacité de la gestion mise en place. Dans les ZNP, la biomasse des espèces cibles de la pêche a été multipliée par 2.5 avec une augmentation notoire de leur nombre et de leur taille. Quelques espèces, telles que le labre merle Labrus merula (cible de la chasse), le serran chèvre Serranus cabrilla (cible de la pêche à la ligne), le mérou Epinephelus marginatus et le corb Sciaena umbra ont par exemple fortement augmenté dans les ZNP . Toutefois, on doit regretter de ne pas trouver partout où l’habitat leur est favorable (pas seulement dans les ZNP), y compris dans les petits fonds, en plus grande densité, les mérous et les corbs qui subissent encore sur la côte une certaine pression de pêche malgré le moratoire. En dehors de ces espèces emblématiques, la comparaison du résultat des recensements de 2019 avec ceux de 2013 et 2016 fait ressortir l’augmentation en biomasse des prédateurs de haut niveau : les espèces piscivores ou macrocarnivores, qui est un signe indiscutable de la mise en protection. La biomasse des espèces cibles est nettement plus élevée dans les ZNP qu’hors ZNP. Si les biomasses d’espèces cibles n’augmentent pas de façon significative en dehors des ZNP, c’est que la biomasse exportée à partir des ZNP est probablement entièrement pêchée. La diversité d’espèces, l’occurrence des ‘grands’ individus d’espèces cibles confirment la résilience des cibles de la pêche dans ces différents sites.