La cartographie des fonds marins de 0 à 50 m de profondeur est rendue possible par l’acquisition d’images satellite, de photographies aériennes, d’image sonar, de relevés bathymétriques, d’observations et de photographies sous-marines. Ces dernières années, ces différentes sources d’informations sont devenues de plus en plus fines en terme de résolution (plus petit élément visible) et précises en terme de positionnement (localisation d’un élément en longitude, latitude, profondeur). Ces multiples données précisément positionnées peuvent alors être combinées grâce aux puissants outils informatiques que sont les systèmes d’information géographique (S.I.G.). On assiste alors à un véritable bond technologique où les fonds deviennent observables comme si la mer s’était retirée. L’Observatoire Marin du Littoral des Maures chargé de la gestion d’une zone marine côtière (Natura 2000) de plus de 800 ha est conscient de l’enjeu de la connaissance de son territoire marin. Il a pour cela fait réaliser par le GIS Posidonie une carte utilisant toutes ces dernières technologies grâce au financement de l’Europe, de l’Etat et des communes riveraines
Les images satellites ne suffisent pas. Les images satellites et photographies aériennes (A) sont utilisées pour cartographier les fond littoraux jusqu’à 15 m de profondeur, limite de visibilité due à la transparence des eaux méditerranéennes. Actuellement des clichés avec une résolution de 50 cm voir 10 cm peuvent être obtenus.
Au-delà des 15 m il faut savoir écouter la mer. Le fil à plomb enduit de poix, utilisé historiquement par les océanographes, pour connaître la profondeur (longueur du fil) et la nature du fond (sédiment collé sur le plomb enduit) est remplacé respectivement par les appareillages acoustiques que sont le sondeur multifaisceaux et le sonar latéral. Leur technique est basée, contrairement à la lumière, sur la très bonne propagation du son dans l’eau. Les sondeurs multifaisceaux les plus perfectionnés sont capables aujourd’hui de mesurer 101 valeurs de profondeur toutes les secondes ! L’interpolation de toutes ces valeurs de sonde permet de générer une image très précise de la forme des fonds marins, appelée Modèle Numérique de Terrain (MNT). Grâce à ce MNT il est possible de générer des images ombrées du fond (C), des représentations en trois dimension, d’identifier des reliefs particuliers et même de distinguer différents types d’herbier de posidonie. Le sonar latéral a pour fonction de constituer, après émission d’un faisceau acoustique et recueil de son écho réfléchi par les fonds, des images en niveau de gris reflétant la nature des fonds. L’interprétation de ces images, appelées sonogrammes (D), permet par exemple de distinguer les zones sableuses, les zones rocheuses, l’herbier de posidonie, les épaves (E).
Se mouiller. Ces interprétations nécessitent ensuite d’être validées sur le terrain par des observations directes en plongée, en ROV (petit sous-marin téléguidé) ou encore en tractant une caméra. La taille réduite des systèmes de positionnement par satellite (GPS) permet aujourd’hui d’être facilement tracté en surface par des plongeurs évoluant au fond. Ainsi les observations relevées et les photographies sous-marines prises peuvent être parfaitement positionnées (C, E, F).
Dessiner. Sous S.I.G., l’ensemble des données acquises (A,B,C,D,E,F), parfaitement localisées, peuvent alors être superposées, confrontées et combinées. Ceci permet de dessiner avec une grande exactitude les contours des différents habitats identifiés et de dresser une carte des fonds marins (G,H) où la mer semble avoir disparu et dévoile complètement ses secrets.
Denis et Patrick Bonhomme
Article paru dans « Mer Vivante » édition 2008