Cet article fait partie d’une grande série sur le thème des végétaux, peuplements et paysages marins menacés de Méditerranée. L’ensemble de ce travail a été publié en 1990 sous la forme d’un ’Livre Rouge’ dans les Séries techniques du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (voir référence complète ci-dessous).

Nous reprenons pour ces fonds le terme de maërl, bien qu’ils soient bien différents de ceux de Bretagne.

Structure et dynamique :

Les fonds de maërl se développent sur des fonds meubles de l’étage circalittoral. Leur répartition bathymétrique est variable, en fonction de la transparence de l’eau. Ils commencent vers 25-40 mètres et ils descendent jusqu’à 80 mètres de profondeur, comme les fonds coralligènes. Ils sont caractérisés par les algues calcaires arbusculaires ou laminaires libres qui appartiennent aux familles des Corallinacées et des Peyssonneliacées. En Méditerranée, plusieurs espèces peuvent dominer sur ces fonds, en particulier, Phymatolithon calcareum, Lithothamnium corallioides, Peyssonnelia rosa-marina, Lithothamnion valens ou Peyssonnelia crispata. La dominance d’une de ces espèces résulte de l’influence de divers facteurs biotiques et abiotiques encore insuffisamment connus. L’épiflore des bancs de maërl est très variable selon les stations, mais on peut discerner quelques espèces propres à ces fonds : Kallymenia spathulata, Cryptonemia tunaeformis, Dasyopsis penicillata, etc. La croissance des espèces du maërl a peu été étudiée en Méditerranée mais selon divers travaux réalisés sur les mêmes espèces en Atlantique, sa croissance est très lente (1-2 mm/an). Les fonds de maërl, bien que peu productifs, sont responsables d’une grande partie des sédiments biogéniques des zones côtières (JACQUOTTE, 1962 ; PERES et PICARD, 1964 ; FORNOS et al., 1988 ; HUVE H., 1956 ; FALCONETTI, 1969).

Distribution géographique :

Les fonds de maërl sont répandus dans l’Atlantique Nord et en Méditerranée, ils ont été signalés en particulier :

en Espagne : aux Baléares (FORNOS et al., 1988) ;

en France : aux îles d’hyères et près de Marseille (JACQUOTTE, 1962 ; BOURCIER et al., 1982 ; HUVE, 1956) et en Corse ;

en Algérie : DIEUZEIDE (1940), LE DANOIS (1925), FALCONETTI (1969).

Menaces :

Des dégradations d’origine humaine ont été constatées, surtout en raison du chalutage qui retourne ces fonds et provoque la mort du maërl et la destruction de sa structure originelle. Aux Baléares, par exemple, on a constaté une conservation optimale de ces fonds dans les sites où la pêche est interdite. L’envasement provoqué par les modifications de la ligne de côte (construction de ports de plaisance, création de plages) constitue aussi un risque très sérieux.

Cet article est issu d’un travail réalisé pour le Programme des Nations Unies pour l’Environnement et l’IUCN par les GIS Posidonie en Collaboration avec de nombreux chercheurs méditerranéens et publié sous le titre : Livre Rouge « Gérard Vuignier » des végétaux, peuplements et paysages marins menacés de Méditerranée. 250p. Par BOUDOURESQUE C.F., BALLESTEROS E., BEN MAIZ N., BOISSET F., BOULADIER E., CINELLI F., CIRIK S., CORMACI M., JEUDY DE GRISSAC A., LABOREL J., LANFRANCO E., LUNDBERG B., MAYHOUB H., MEINESZ A., PANAYOTIDIS P., SEMROUD R., SINNASSAMY J.M., SPAN A., VUIGNIER G., 1990. MAP Technical Reports Series N°43, UNEP, Athens, PNUE, IUCN & GIS Posidonie.